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Brouillages - Jón Hallur Stefánsson
Publié : 15 mars 2008, 15:58
par Féroé
Jón Hallur Stefánsson est présenté par beaucoup en Islande comme étant l?héritier d?Arnaldur Indridason.
Un chroniqueur d?
Iceland Review y est allé de sa critique, concernant le premier roman de Stefánnson,
Krosstré ("
Brouillages"), laquelle s?avère plutôt mitigée. Je le rejoins globalement.
Jón Hallur Stefánsson a monté une intrigue qui n?est de loin pas inintéressante, mais il y a greffé un certain nombre de passages superflus (je pense à quelques scènes où évoluent divers personnages secondaires, qui n'apportent pas grand chose au récit)
J?ai la farouche impression que l?auteur a véritablement cherché à nous en mettre plein à la vue, à démontrer au public qu?il « en avait » sous le stylo-plume. Ainsi, le récit m?est-il apparu quelquefois comme plutôt confus. Je ne me suis, malgré ça, pas vraiment ennuyé. L?homme a un certain talent, c?est l?exploitation parfois un peu maladroite qu?il en fait qui me frustre. Par exemple, la manière dont il dépeint la société islandaise m?a paru de temps à autre farfelue, « tirée par les cheveux » (les personnages sont très déroutants par moment). Un récit un tantinet gratuitement « trash » aussi (avec ce sicaire de Japonais ou cette sexualité débridée omniprésente).
La fin du roman est effectivement assez surprenante, plutôt théâtrale.
En résumé, je peux vous dire que (c?est mon avis) vous ne trouverez pas vraiment Arnaldur Indridason en lisant Jón Hallur Stefánsson... Tant mieux en fin de compte, les auteurs ne sont pas faits pour se ressembler.
Je ne conseille donc pas vraiment ce roman, mais je ne le déconseille pas non plus.
NB : l?explication du titre ?Krosstré? est intéressante. Ce mot se réfère à des planches entrecroisées censées rendre solides certaines constructions, tels des châssis de fenêtres. Le sens figuré : la personne sur laquelle vous comptez le plus pourra parfois se révéler être celle qui brisera votre confiance. "Brouillages", titre choisi pour la version francophone du livre, me semble plutôt pertinent.
Iceland Review :
http://www.icelandreview.com/icelandrev ... _id=302303
Publié : 17 mars 2008, 16:55
par Féroé
Ah oui, page 98 : "L'air était immobile, les mouches et les moustiques toujours en vol."
Il n'y a pas quelque chose qui cloche selon vous ?
Publié : 17 mars 2008, 22:14
par steph
Les moustiques?
Jujux en avait parlé ici:
http://www.france-islande.fr/forum/vie ... =moustique
mais bon, je ne vois pas pourquoi il nŽy aurait pas de moustiques en Islande?
Publié : 18 mars 2008, 10:40
par Féroé
Oui, c'est à ça que je pensais.
Il y avait aussi ce lien :
http://www.savoirs.essonne.fr/dossiers/ ... groenland/
Brouillages
Publié : 18 mars 2008, 12:29
par Jacques MER
Il semble que Eric B se soit trompé dans la traduction du texte islandais de "Krosstré". Il a mélangé mouches, moustiques et moucherons (qui existent surtout dans le Nord)

Publié : 18 mars 2008, 13:53
par Féroé
Le texte islandais mentionne-t-il "mý"/"mýfluga" (moucheron) ou "moskítófluga" (moustique) ? ... Mý-stère et boule de gomme. (On pinaille)
Publié : 19 mars 2008, 16:52
par Féroé
Ci-dessous la réponse très aimable - et fort appréciée - de M. Boury :
"la phrase islandaise est la suivante : "Flugurnar voru enn á sveimi" c'est-à-dire, "les mouches étaient encore en activité (en déplacement/en vol). Le mot "fluga" peut s'entendre en islandais comme un terme générique, désignant plusieurs sortes d'insectes volants sans plus de précisions... On a donc, mýflugur ou mý (moustiques), býflugur (abeilles qu'on appelle aussi parfois hunangsflugur/mouches à miel), flugur (sans plus de précision, terme générique), fiskiflugur (les mouches cantarides).
En revanche, les moustiques existent bel et bien en Islande, ceux du lac Mývatn sont même sacrément pénibles et piquants, du reste le lieu en tire son nom. Il m'a semblé logique de traduire "'mouches et moustiques" pour la simple raison que la scène en question se déroule au bord du lac de Thingvellir. Evidemment, j'aurais aussi pu me contenter de traduire par "mouches", mais il me semble que cela aurait été une interprétation plus réduite."
Publié : 19 mars 2008, 21:59
par Chris
Féroé a écrit :Ci-dessous la réponse très aimable - et fort appréciée - de M. Boury :
"la phrase islandaise est la suivante : "Flugurnar voru enn á sveimi" c'est-à-dire, "les mouches étaient encore en activité (en déplacement/en vol). Le mot "fluga" peut s'entendre en islandais comme un terme générique, désignant plusieurs sortes d'insectes volants sans plus de précisions... On a donc, mýflugur ou mý (moustiques), býflugur (abeilles qu'on appelle aussi parfois hunangsflugur/mouches à miel), flugur (sans plus de précision, terme générique), fiskiflugur (les mouches cantarides).
En revanche, les moustiques existent bel et bien en Islande, ceux du lac Mývatn sont même sacrément pénibles et piquants, du reste le lieu en tire son nom. Il m'a semblé logique de traduire "'mouches et moustiques" pour la simple raison que la scène en question se déroule au bord du lac de Thingvellir. Evidemment, j'aurais aussi pu me contenter de traduire par "mouches", mais il me semble que cela aurait été une interprétation plus réduite."
A mon humble avis, corroboré par les scientifiques et notamment les entomologistes, il n'y a définitivement pas de moustiques en Islande. Les articles cités par Féroé et Jujux expliquent pourquoi il n'y en a pas.
Ni mouches ni moustiques certes, mais bel et bien des
moucherons dans certains lieux humides et notamment au bord des lacs, lorsqu'il n'y a pas de vent. Les insectes harceleurs du lac Mývatn sont des moucherons appartenant à une variété de simulies, insectes diptères nématocères de la famille des simulidés.
Chris.
Publié : 08 oct. 2010, 15:32
par steph
Brouillages vient de sortir en poche dans la collection Babel Noir. Si jamais vous souhaitez lire son premier livre avant de vous attaquez à L'incendiaire, récemment sorti. Après lecture, je dois dire que je suis assez d'accord avec Féroé, qui en fait une critique assez juste plus haut. L'intrigue est plutôt bien construite, la fin est surprenante mais quelques passages du texte sont assez inutiles. Je lirais cependant son deuxième ouvrage traduit en français, par curiosité.